Togo : Lettre à son Excellence : « Monsieur le Président je démissionne ! »

29 novembre 2013

Togo : Lettre à son Excellence : « Monsieur le Président je démissionne ! »

Faure Gnassingbé (ph) le Président  togolais, crédit republicoftogo
Faure Gnassingbé (ph) le Président togolais, crédit republicoftogo

De son Togo natal, Biova Venunye, un jeune togolais a écrit à Faure Gnassingbé, le Président de la république togolaise. Dans un style direct et familier, l’auteur a attiré l’attention de Faure  sur l’état statutaire dans lequel vit son pays, une situation qui compromet l’avenir de la jeunesse. Le contenu de ce courrier se présente comme suit.

 

« Cher frère Faure, Président !

En tant que togolais, je suis fier d’être compté parmi les fils de cette petite et grande nation dans le monde partout où je vais. J’aime ce pays pour lequel mes grands-pères, mes parents de même que les tiens ont combattu avec foi et amour pour la liberté dont nous sommes supposés jouir de nos jour.

 

Hier enfant, j’ai rêvé de cette liberté que quand je serai grand je m’épanouirai pour mettre ma modeste contribution au service et du Togo et pour la génération qui nous suivra. Voilà mon rêve, mon cher frère Faure, Président. Mais le parcours de mon existence fait que je ne veux plus croire en ce rêve, et j’ai pris une décision.

Je démissionne aujourd’hui parce que je suis fatigué d’espérer pour le mieux quand on ne fait rien.

 

Je suis fatigué de voir des enfants renversés dans les rues par des conducteurs irresponsables. Leurs mères sont désespérées de ne pouvoir pas joindre les deux bouts.

Je suis fatigué d’aller à l’hôpital pour ne pas recevoir les soins appropriés, ou qu’on me dirige vers un centre de santé privé où seuls les plus nantis ont droit pour se racheter des maux dont ils souffrent.

 

Je suis fatigué d’entendre que c’est le Rassemblement du Peuple Togolais (RPT), le défunt parti au pouvoir qui gagne toujours les élections depuis près de 40 ans. Avant ma naissance c’était ce parti qui gérait le pays, aujourd’hui ton parti, l’Union pour la République (UNIR) a pris la relève et c’est les tiens qui ont encore gagné. Mais êtes-vous nés pour toujours gagner et que d’autres sont condamnés à la défaite électorale ?   

Je suis fatigué de voir parfois certains frères togolais soldats poursuivre dans les rues de la capitale d’autres togolais frères civiles qui ne revendiquent qu’une meilleure gestion de la chose publique.

 

Je suis fatigué d’être arrêté par la police tous les soirs pour payer 500 F cfa juste le temps d’avoir le feu vert de leur part avant de rentrer dans la demeure ancestrale et ce à mon âge malgré ma formation professionnelle. Le chômage grimpant a conduit à la création de l’Association des diplômés chômeurs.

 

Après 56 ans d’indépendance de notre Togo, l’or de l’humanité, malgré les espoirs sans cesse renouvelés pour une vie joyeuse, l’avenir me démure interrogatif.

Pendant que la majorité végète dans la pauvreté, se mortifie avant d’avoir le pain quotidien, une minorité continue mange gaspille leur pain et continue de s’accaparer des richesses de l’Etat pour vivre leur vie d’aisance.

 

Aujourd’hui, il me semble que le pays manque de leadership. L’exécutif qui devra se lever et initier des reformes pour redresser les lois, reformer les institutions et remettre le pays sur la voie d’un développement socio-démocratique traine les pas. Conséquence cet avenir prometteur promis ne pointe jamais à l’horizon.

 

De son côté, le législatif se plait dans cette situation de négligence pour sauver le pays. Quant au judiciaire, je ne sais que dire, tout traine, tout dure, tout se pérennise à leur niveau jusqu’à le plaignant renonce de réclamer que justice lui soit rendue. 

 

Et que dire des médias ? L’observation des traitements des informations dans le pays fait que ce quatrième pouvoir s’est polarisé en deux camps.  De ce fait, ils sont manipulés, les politiques défendent chacun de son côté le pouvoir d’un cote et l’opposition de l’autre.

Monsieur le Président, mes cauchemars ont doublé et la peur de mourir m’ont conduit, le cœur lourd à démissionner. Dans tes adresses annuelles à la nation telle une tradition,  les rédacteurs de ton discours qui savent ce que les gens veulent entendre s’efforcent de transcrire autre chose.

 

En espérant que vous reprenez en main le gouvernail du navire togolais, je t’invite à devenir un héros au Togo qui conduire notre destinée vers le bon port. C’est encore possible pour toi de changer la destinée du Togo, de redonner espoir à tes frères et sœurs.

Quant à moi, je m’en vais, je démissionne !

Merci et à bientôt à la veille du nouvel an pour entendre ta réponse au cas où ton calendrier de discours à la nation ne change pas !

Biova Venunye ».

 

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